Tout est une question de référence
Parfois, nous avons une idée, une pensée qui revient régulièrement. Un truc qui tourne derrière notre pensée qui refait surface quand nous avons un temps de libre ou rien ne tient notre attention. À ce moment-là, de temps en temps, on approfondit cette pensée, on l'approfondit et puis au bout d'un certain temps, elle devient petit à petit un socle, une fondation à beaucoup d'autres pensées. Pour moi, j'en ai une qui vire presque à l’obsession que je souhaite commencer à partager ici, et continuer à la creuser ultérieurement.
Le postula est simple. Tout, absolument tout est question de référence… tout, notre vision du monde, nos rapports aux autres, nos interactions, notre vie.
C'est durant mes années au lycée que l'idée à germer (autant dire que cela commence à dater maintenant).
En physique, nous étudions les mouvements, et je me souviens qu'une expérience dans un véhicule avec un mouvement linéaire et uniforme (il faut comprendre sans accélération) n'aura pas la même observation en fonction d'où se trouve l'observateur.
Imaginons un train, en mouvement. Une personne dans le train laisse tomber une balle à la verticale, il va observer une chute rectiligne et la balle va "rebondir sur place". Imaginons que l'observateur n'est pas la personne qui laisse tomber la balle, mais se trouve à l'extérieur du train, sur le bas-côté. Associé au déplacement du train, la chute de la balle ne sera plus rectiligne, mais ressemblera plus à une sinusoïdale.
Autre exemple, plus simple à se représenter, le mouvement de la lune. Depuis la terre, la lune tourne autour de la terre (je simplifie volontairement hein) mais depuis le soleil le mouvement de la lune prendra également la rotation de la terre autour du soleil, comme cette vidéo le montre bien. J'aurai pu aussi prendre le mouvement du soleil qui ne prendra pas le même trajet dans le ciel selon notre position sur la terre.
Bref, en physique, il est simple d'assimiler que l'observation d'un phénomène dépend du référentiel choisit.
Je le répète, nous ne voyions pas la même chose selon où nous nous plaçons.
Et si cela ne se limitait pas à la physique ?
À y réfléchir, nous pouvons le constater sur différents thèmes.
Nous ne disons pas bonjour de la même façon d'un pays à un autre, ni d'une culture à une autre.
Si une personne fait de l'autostop le pouce levé, il sera mal interprété dans un autre pays, toute question de référence culturelle.
Même chose pour les expressions d'une langue à une autre, nous ne traduisons pas mot à mot, mais allons chercher l'expression qui s'en rapproche le plus.
Dans le code vestimentaire également, si en occident le deuil se fait tout en noir, ce n'est pas le cas partout. En Inde et au Japon, on pleure ses morts en blanc, en Chine en rouge, en Iran en bleu.
Et à y réfléchir plus profondément, notre individualité vient de nos expériences de vie, de notre éducation, de la culture de notre pays, de nos croyances (religieuse ou non) et c'est bien sûr cette base que nous allons nous positionner face aux rencontres, à notre parcours de vie et à nos réflexions. C'est tout cet ensemble qui structure notre pensée et elle sera forcément influencée par ce que nous sommes.
Finalement, nous sommes notre propre référence.
Ok, hé bien, si nous ne partageons pas la même référence, comment pouvons-nous communiquer, débattre et réellement bien nous comprendre ?
La politique ne serait-elle pas un éternel débat sans fin, car nous ne parlons pas de la même chose ? Les mots utilisés n'ont pas la même couleur, ni le même poids pour deux personnes de partis différents.
La construction même de nos valeurs aurait un gout différent pour l'un et pour l'autre tout simplement parce que n'ayant pas la même référence de vie.
Je n'ai pas encore fait intervenir la génétique dans tout cela ! Me souvient de reportage sur des jumeaux, qui ayant été séparé à la naissance par erreur, chacun de leur cote, on construit leur référence de vie. Il en ressortait que malgré quelques point de leur personnalité en commun, leur parcours de vie les avait moulés différemment.
Bien que nous pensions être complétement libre dans nos pensées, j'observe de plus en plus souvent, que nous sommes surtout conditionnés par notre référence et notre génétique. Mais une pensée me renverse, me fait vibrer encore plus.
Où se trouve notre libre arbitre dans tout cela ?
Lorsque je prends conscience de tout ça, je nous vois comme des animaux comme tant d'autre, plongé dans leur environnement qui dicte ce qu'ils font, ce qu'ils pensent et que l'individualité des personnes ne se fait que par le hasard des événements de vie et de la génétique. Elle est belle l'image de l'Homme civilisé. Remarque, lorsqu'on voit comment on gère nos ressources, on ressemble à n'importe quel autre animal.